« Mon corps se déforma. Je grandis de douze centimètres en un an. Il
me vint des seins, grotesques de petitesse, mais c’était déjà trop pour
moi : j’essayai de les brûler avec un briquet, comme les amazones
s’incendiaient un sein pour mieux tirer à l’arc ; je ne réussis qu’à me
faire mal. »
Ça y est, c’est la rentrée. Le Nothomb nouveau est arrivé. Encore une
fiction excentrique qui séduira à coup sûr ses fans les plus transis ?
Eh bien non. Car Biographie de la faim est moins un roman qu’un
récit sur la jeunesse du phénomène belge, fantasque jeune femme qui ici
ne nous cache rien des vingt premières années de son existence. En fil
conducteur, la métaphore de la faim, de l’appétit absolu des choses,
alpha et oméga d’une vie à littéralement dévorer. Et la faim, Amélie
Nothomb sait ce que cela veut dire, elle qui dut en subir les
dérèglements les plus cruels, entre anorexie, potomanie et alcoolisme.
Folle à lier, la petite Amélie, rejeton d’une grande famille bourgeoise
mondialisée avant l’heure, singulièrement à travers les différentes
affectations en Asie et aux États-Unis du papa diplomate ? Disons
excessive, avide, goulue, illimitée, autant du point de vue de la soif
que de la lecture. Le point de sublimation de tout ceci ? La boulimie
d’écriture, qui transforme le matériau vécu en un vertiges d’histoires à
raconter (treize romans publiés à ce jour et trente-neuf autre textes
non publiées qui dorment dans les tiroirs d’Amélie).